Et oui, je vous écris en direct de Gokarna,
au Sud du district de Goa, ou les touristes se massent trop pour nous : on préfère les endroits plus calmes, sans pneus pour se faire
trainer sur l'eau ni pédalos ou je ne sais quoi encore !!!
L'épopée pour arriver jusqu'ici n'est pas
triste.... !!! Je m'en vais vous la raconter en substance, car j'ai bien l'intention de ne pas bouziller mes petits yeux fatigués,
et surtout profiter de ce bel endroit pour me requinquer.
Vous vous souvenez peut-être qu'au départ de
Jodhpur, on pensait s'être bien sortis de ces petits problèmes d'ajustement
stomacaux. Bon ben c'était pas faux, mais c'était pas tout à fait fini non
plus. S'en sont suivi quelques journées de grande fatigue physique,
l'impression de n'avoir parfois aucune énergie, du mal à manger en général,
malgré la quantité de calories nécessaire a la pratique du vélo, etc...
En
dehors de ça, tout s'est très bien déroulé : partis en retard de
Jodhpur (je veux dire par là que Gavin est reparti sans nous car il était
bouillant de retrouver les copains près de Goa, et il était en pleine forme,
lui!), nous avons pris un train jusque Bombay, de manière à s'éviter les
étendues désertiques sans fin du Rajasthan, et se donner une chance d'être vers
Goa aussi pour les fêtes.
Je vous raconte pas ma réticence à me
retrouver avec les vélos couchés au milieu de la gare principale de Bombay, la
ville au plus grand bidonville du monde, et de devoir traverser littéralement cette
agglomération hallucinante !!! Totale : je pense qu'on a pas trop fait de détours, mais ça nous
a quand même pris 6 heures de pédalage intense, et ce, en pleine chaleur (on
était arrivés par le train arrivait à 11h...), avec ces horribles camions qui
s'orientent au klaxon, et tout le reste, bref, un bon gros mal de crâne au bout de ces 58kms
de béton et abris de fortune sans
discontinuité... ! Mais aucun encombre, je veux dire par là que les gens,
non seulement ne sont pas là pour se meuter et nous attaquer comme certains
pourraient l'imaginer d'ici, non... Finalement, ce sont plutôt les bonjours,
les questions et félicitations incessants qui nous demandent beaucoup d'énergie
pour répondre agréablement malgré la fatigue et le bruit autour !!!!
Donc une grosse
journée éprouvante après une nuit dans le train où l'on ne dort quand même pas
comme à la maison hein !!!
Je propose a Fabien qu'on s'arrête à la
tombée de la nuit (lui aurait bien continué pour trouver un coin de nature où
poser la tente), et on ralentit au niveau du SATKAR HOTEL, où un blanc au
sourrire fort sympathique nous fait de grands signes... Coincidence
incroyable : John, un anglais d'une quarantaine d'années, vient de terminer
son tour du monde... à bicyclette !!! Pour le camping,
c'est pas l'idéal : nous devrons installer la tente au bord de la
nationale, sans avoir la possibilité de se rincer un peu et nous sommes
couverts de sueur et de poussière urbaine... Mais le bon côté, c'est cette rencontre et
celle de sa « famille de coeur », qui l'héberge comme un grand frère
depuis trois mois sans lui demander un centime en retour. Nous aurons ce même
traitement de faveur pour cette unique soirée passée avec Pinky, Mama, Arun, et
les autres dont je suis désolée d'avoir oublié les prénoms tellement ils ont
été trop mignons avec nous, les deux français sur leur étrange machine !!!
Un grand merci à la famille du Satkar Hotel (précision ; nous apprenons
par la même qu'un hotel est en fait un restaurant par ici, et qu'il n'y a pas
de chanbre à louer pour autant...), et à « CRAZY John ».
Le lendemain, nous poussons un peu trop la
machine, et affichons un 80kms au compteur en fin de journée malgré un terrain
hyper valloné : grosses montées, descentes toujours trop courtes, toujours
ces klaxons dans les bananes, mais quand même beaucoup moins que sur la
nationale du Rajasthan. Nous n'arrivons pas à rejoindre Mahad, trop exténuée je propose de nous arrêter des que possible, mais Fabien veut enchaîner les kms !
Pour cela, il veut juste s'arrêter pour acheter des fruits, et, tout de suite,
comme d'habitude, une foule se forme autour des vélos couchés, et un homme se
pose entre le vendeur de fruits et nous pour nous offrir tout ce dont on
rêve : oranges, ananas, bananes et même des figues fraîches !!! Il
nous explique qu'il nous a cherché toute la journée, en faisant des aller-retours sur plus de 40kms car il a
entendu parler de ces deux voyageurs à vélo, son nom est SAGAR, et il
nous propose de nous prendre en charge : ses amis peuvent nous loger dans
une ferme, d'autres dans une maison en bambous, et moultes autres amis a travers tout la region... Il est accompagné de son ami
reporter DIPAK et deRAJEESH. Quelle est cette nouvelle coincidence,
encore plus folle celle-ci : Sagar organise des séjours à vélos avec ses
élèves (il est prof), il gère des projets de protection d'oiseaux (vautours en
particulier), de tortues, et de restructuration de villages autonomes, de fermes
biologiques, etc, etc... !!! INCREDIBLE INDIA !!!!
Sagar nous propose de nous suivre en moto, car
son rêve, lorsqu'il a entendu parler de nous, c'était de pouvoir nous
accompagner le long de la côte (à une quarantaine de kms de la route nationale
que nous pensions suivre pour être plus rapides). Nous acceptons avec grand
enthousiasme bien sûr, quitte à perdre un peu de temps et éventuellement faire
du stop ou monter dans un train plus tard pour arriver à destination (Gokarna)
pour Noël. Et quelle excellente expérience. Sagar nous a fait découvrir les
plus beaux spots dont on pouvaient rêver à vélo : fermes à noix de coco,
village de pêcheurs, enfants du pays, la mer, les oiseaux dont il connaît les
cris, le comportement et l'importance pour l'équilibre d'une nature fragilisée
par notre insatiable besoin de construire et exploiter les ressources sans
états d'âmes. Nous découvrons un personnage d'une sensibilité, et d'une vérité
rare, toujours gai et au soutien précieux. Je ne m'étendrai pas sur la difficulté
physique de ces journées (s'il ne m'avait pas déchargé de deux sacoches, je
pense que je n'aurais jamais pas pu surmonter les côtes abruptes et la
chaleur...), ça n'a pas d'importance, compte tenu de ce que nous avons vécu
grâce à sa présence à nos côtés pendant plus d'une semaine. Je vous reparlerai
bientôt de Sagar et ses projets dans la
page « Portraits », et je pense que notre histoire ne se terminera
pas là : nous sommes très motivés à l'idée de participer à ses projets
bientôt, donc le programme risque de nous ramener du côté de Mahad, où tout se
passe concernant les villages qu'il supporte, les enfants et les oiseaux. Il
faut aussi que je vous parle de ses amis : tout d'abord Dipak, d'une
gentillesse inégalée, de la famille dans la maison en bambous où nous ne sommes
malheureusement restés qu'une nuit (Shrinivas, le père est architecte et
concepteur de ces maisons, Rimsha, la maman, est homéopathe et fine cuisinière,
et Disha leur fille, la grâce incarnée), et bien sûr la famille du frère de Sagar
(Amareej, Shilpa et Sara Dha) qui nous garde actuellement les vélos sur
Sawantnari. Désolée pour l'orthographe tout le monde... je fais de mon
mieux !!!
Au final, donc, nous avons laissé les vélos à
250 bornes d'ici, histoire de ne pas mettre 3 jours à descendre au sud de Goa,
et nous avons essayé le réseau des bus, ça non plus c'était pas triste :
il nous a fallu plus de 9 heures pour rallier Gokarna !!!
Nous sommes donc arrivés il y a trois jours.
David et Roxane, qui n'avaient aucune nouvelles (pas de connexion internet
depuis 10j), ont été bien surpris de nous voir débarquer sur la plage en fin de
soirée !!! Excellents retrouvailles, et encore plus excellentes hier soir
puisque GAVIN MADE IT !!! Lui a tout
fait en vélo, plus de 1000 bornes
encore, à coups de 120kms par jour malgré le fort dénivelé de la région... et
juste pour la journée d'hier : 145kms, arrivé complètement rompu, alors ça
valait bien une bonne crêpe banane chocolat et quelques bières !!!
Nous sommes donc sur la plage de Om beach (la
plage a réellement la forme du « Om » boudhiste!!! deux croissants de sable magnifiques flanqués
de quelques rochers, et pas une construction en béton à l'horizon, de la
balle), dans des huttes en terre et en palmes de cocotier, à savourer un repos
bien mérité, et à essayer de reprendre quelques kilos !!! Nous comptons
rester jusqu'au nouvel an.
A tous, si on ne s'écrit pas jusque là, je vous
souhaite un JOYEUX NOEL, et un BON BOUT D'AN !!!!! Enormes bises ensablées
de Gokarna !
Namasté, talk to you soon !!!
Quelques photos de Jodhpur a Gokarna
(les legendes viendront bientot...):
Quelques photos de Jodhpur a Gokarna
(les legendes viendront bientot...):